Marc SAIZONOU

Une si belle et grande âme
L’une est une jeune étudiante mauritanienne qui arrive seule en France pour y suivre un cursus d’ingénieur; l’autre foule le sol du Bénin pour la première fois afin de prendre la tête de l’association "Les enfants au futur". Et dans les deux cas, ce qui se joue, c’est la confrontation à l’inconnu, les questionnements, les étonnements, la recherche de nouveaux repères sans toutefois saboter ses propres fondations. Pourtant, ce n’est pas un double portrait que donne à lire Marc Saïzonou; plutôt les deux facettes d’une femme, AM, à quelques années de distance, intègre, fidèle à elle-même, preuve que l’expatriation peut être l’occasion d’un savant dosage entre écoute de l’Autre et capacité à demeurer soi- même.

Les poncifs ne font pas long feu sous la plume de Marc Saïzonou qui nous entraîne dans les pas d’une femme musulmane qui déroge à tous les stéréotypes. Pas de soumission, pas de silence, pas de sacrifice… Non, aucun de ces a priori chez cette héroïne qui porte en elle, intacts, son identité et son amour-propre, qui associe subtilement tradition et modernité et qui s’incarne dans un roman placé sous le signe de la probité envers soi et autrui.


A la recherche de Dave
Fragile créature que l’homme, ainsi que le démontre la mort accidentelle de Dave sur son lieu de travail qui laisse sa femme Sandra comme anesthésiée… Etonnante créature aussi qui, par-delà la mort, peut aider d’autres à poursuivre leur vie. Aussi Sandra souscrit-elle au souhait de son mari qui désirait faire don de ses organes…
Un geste généreux de la part du défunt qui ne lasse pas de questionner, sur l’instant et longtemps après les survivants. Quand Sandra croit reconnaître, dans le regard d’un inconnu, les yeux de son époux, ce récit prend une tournure inattendue et pleine de suspens.

Une œuvre romanesque engagée et civique, mais aussi un récit psychologique sur le processus de deuil. Ces deux dimensions coexistent pleinement et intensément dans ‘A la recherche de Dave’. Une œuvre sensible mais jamais mélodramatique, dont on ressort bouleversé et plus que jamais conscient de la valeur de l’existence. La tristesse n’est pas de mise car cette enquête quasi-policière est un plaidoyer pour la vie.


Une femme de trop à la DRH
Ce recueil de nouvelles est une immersion dans le monde si particulier de l’entreprise. Du poste d’observation privilégié qu’est le service de Gestion des Ressources et Relations humaines, l’auteur nous transporte vers le quotidien de quatorze femmes ordinaires qui doivent affronter des situations extraordinaires Ces quatorze histoires sont indépendantes. Chacune d’elles a ses énigmes, ses rebondissements, son dénouement et pour finir, sa leçon de vie. Et pourtant l’ensemble reste cohérent et la quête d’une réponse à la question initiale maintient le lecteur en haleine tout au long des différents récits.


Tout était pourtant écrit
Pour tenter de résoudre l’énigme de la mystérieuse disparition d’une aïeule, Francis, professeur de Français quitte famille, amis et sa terre natale pour une lointaine contrée. Ses nouveaux élèves, collègues et son esprit d’ouverture ne lui seront pas de trop. Suffiront-ils pour le conduire vers la vérité ? Quand Marie rencontre le célèbre journaliste Albert Londres, c’est l’avenir des bagnards qui se joue, le sien aussi. La grande Histoire dissimule toujours une multitude de personnages ordinaires ou extraordinaires, lâches ou courageux, avec leurs forces et leurs faiblesses. Et que dire des sentiments ? Ils surgissent toujours à l’improviste et bouleversent les desseins des protagonistes.

Marc Saïzonou nous fait voyager entre les Vosges et la Guyane, de l’Afrique aux Antilles, du début du XXème siècle à l’époque contemporaine. Au carrefour de tous ces va- et-vient se trouvent le bagne d’hier, les traditions culturelles de la Guyane d’aujourd’hui et la difficile quête de la clé de l’énigme. Et pourtant, tout était écrit. Encore fallait-il savoir où. Les secrets d’outre-tombe ne sont pas toujours les mieux gardés